dimanche 18 septembre 2022

GRÈCE - Grèce Centrale - Le sanctuaire antique de Delphes - Partie 2

 Le sanctuaire antique de DELPHES – Partie 2

Apollon et Pythie *****


Pour découvrir la première partie de la visite, l'historique et l'organisation du sanctuaire, veuillez cliquer ici, SVP !


Temple d'Apollon

Bâtiment le plus important du sanctuaire de Delphes, il domine le Téménos depuis sa position centrale. C'est là qu'étaient conservées les statues et autres offrandes au dieu, et que se déroulaient les rituels du culte, dont celui de la divination. Ici aussi se trouvaient les archives (chresmographéion) détruites en 373 avant J.-C., qui contenaient les listes des vainqueurs des jeux Pythiques. Selon la légende, le premier temple était fait de branches de laurier, le second de cire d'abeille et de plumes, et le troisième de bronze, tandis que le quatrième aurait été construit par les architectes légendaires Trophonios et Agamède aidés par Apollon lui-même. Il s’agit, probablement, du temple de pierre détruit par un incendie en 548 avant J.-C. Son remplaçant, bâti à l’aide de contributions de citoyens, est achevé vers 510 avant J.-C. C’est un temple à péristyle dorique, comprenant six colonnes au fond et quinze sur les côtés. Construit en pierre de taille et revêtu de marbre, il était somptueusement décoré de sculptures du célèbre artiste Anténor. Le fronton Est représentait l'épiphanie d'Apollon lorsqu'il arriva à Delphes avec sa sœur Artémis et sa mère Léto ; le char des dieux occupait le centre de la scène et était encadré par des figures masculines et féminines. Du fronton Ouest, qui représentait la Gigantomachie, seules les figures d'Athéna, un géant déchu, un personnage masculin et deux chevaux ont survécu. Ce temple a été détruit par un tremblement de terre en 373 avant J.-C. 


Les colonnes du temple vues depuis le contrebas du mur polygonal (deux vues ci-dessus)


Le Trésor des Athéniens vu depuis le niveau du temple



Colonnes du temple (deux clichés ci-dessus)


L'ex-voto de Cratéros, face au temple



Deux autres vues des colonnes du temple


Le temple existant, également construit avec des contributions grecques, n’est achevé qu'après la troisième guerre sacrée, en 330 avant J.-C. Cet imposant temple dorique est élevé par les architectes Spintharos de Corinthe, Xénodoros et Agathon. Il a le même plan et à peu près les mêmes dimensions que son prédécesseur, avec six colonnes au fond et quinze sur les côtés. La cella était divisée en trois nefs par deux colonnades de huit colonnes ioniques chacune. La cérémonie de divination avait lieu dans l'adyton, ou sanctuaire intérieur, une chambre souterraine où seuls les prêtres interprétant les paroles de la Pythie avaient accès. Les sculptures du fronton en marbre de Paros sont l'œuvre des sculpteurs athéniens Praxias et Androsthénès. Le fronton Est représentait Apollon et les Muses, et celui de l'Ouest, Dionysos et les Ménades. On sait peu de choses sur l'agencement de l'intérieur du temple; les anciens auteurs mentionnent que les murs du pronaos étaient ornés d’aphorismes des sept sages, tels que « connais-toi toi-même », « tout avec modération »,... Il y avait une effigie en bronze d'Homère et un autel dédié à Poséidon, et, dans l'adyton, une statue d'Apollon ainsi que l'omphalos. Le temple est, de nos jours, partiellement restauré. Des fragments des sculptures du fronton des temples archaïque et classique/hellénistique sont exposés au musée archéologique de Delphes.



Colonnes du temple (deux photos ci-dessus)


Eléments d'architecture du Téménos


La colonne de Prusias II (roi de Bithynie de 182 à 149 avant J.-C.), à gauche, et celles du temple


Partie orientale du temple


La terrasse, soubassement du temple


Colonne et fleurs

Vue en enfilade du temple


Le théâtre de Delphes

C'est l'un des rares théâtres de Grèce dont nous connaissons les dates de conception exactes. Il est situé à l'intérieur du Téménos d'Apollon et contre l'angle Nord-est de son péribolos (ou mur d'enceinte). C'est là que se déroulaient les concours musicaux (chant et musique instrumentale) des jeux pythiques et autres fêtes religieuses, qui faisaient de ce théâtre l'équivalent intellectuel et artistique du stade d'athlétisme d'Olympie. La forme originale du théâtre est inconnue; il est possible que les spectateurs aient été assis sur des sièges en bois ou au sol. Le premier théâtre en pierre a été construit au IVe siècle avant J.-C. et a ensuite été rénové à plusieurs reprises. La forme actuelle du théâtre, avec son orchestre pavé de pierres, ses sièges en pierre et sa scène décorée, est le résultat d'une restauration de 160-159 avant J.-C. parrainée par Eumène II de Pergame. La cavea, construite en partie sur socle rocheux (au nord et à l'ouest) et en partie sur remblai (au sud et à l'est), est divisée en deux sections inégales par un diazoma dallé, ou palier (vingt-sept gradins de sièges dans la partie inférieure et sept dans la partie supérieure). Il est également divisé verticalement par une série d'escaliers. Le théâtre pouvait accueillir cinq mille spectateurs. L'orchestre en forme de fer à cheval est entouré d'une galerie fermé ; son dallage et son parapet sont romains. Des inscriptions relatives à l'émancipation des esclaves sont gravées dans les murs des parodoï (passages en avant de la scène), mais leurs textes sont devenus illisibles en raison de l'usure du temps. La scène, dont il ne reste que les fondations, était probablement divisée en avant-scène et scène proprement dite ; elle était ornée d'une frise en relief représentant les travaux d'Hercule. Bien que fouillé et restauré, le théâtre est en mauvais état : la cavea s'est affaissée, les blocs de calcaire se fissurent et s'écaillent, et nombre de ses éléments architecturaux restent dispersés dans le Téménos.




Trois vues des gradins de l'ancien théâtre


Le temple d'Apollon vu depuis le théâtre



Deux vues en surplomb de l'ancient théâtre


L'ancien stade

Il s'agit de l'un des monuments les mieux conservés de son genre. Il est situé au Nord-ouest du théâtre, au-dessus du Téménos du sanctuaire d'Apollon, dans la partie la plus élevée de la ville antique. On y accédait dans l'Antiquité, comme aujourd'hui, par un chemin sinueux partant des parodoï gauches du théâtre. Le stade est étroitement lié à l'histoire des jeux pythiques, puisque c'est là que se déroulaient les épreuves sportives. Le stade d'origine date du Ve siècle avant J.-C., comme l'atteste une inscription dans le mur de la terrasse Sud, et ne comportait au mieux que des sièges en bois. Les sièges existants, en calcaire du Parnasse - et non en marbre blanc comme mentionné par Pausanias -  ont été ajoutés au IIe siècle après J.-C. par Hérode Atticus, un riche sophiste athénien, ainsi que l'arc de triomphe qui ornait l'entrée. Ce dernier est une caractéristique unique dans les stades de la Grèce antique. Le stade a été construit sur la pente naturelle, son côté Nord taillé dans la roche, son côté Sud soutenu artificiellement par une terrasse murée. L'entrée monumentale à l'Est consistait en une triple arche soutenue par quatre piliers, les deux du milieu ayant des niches pour les statues. C'est là que les juges et les athlètes des jeux Pythiques faisaient leur entrée dans le stade sous les acclamations du public. Derrière l'entrée se trouve un podium taillé dans la roche avec cinq marches, d'une phase de construction antérieure ainsi que les vestiges d'une fontaine. La piste a une longueur d'un stade romain, c'est-à-dire cent soixante-dix-sept mètres et demi, et vingt-cinq mètres et demi de large. Le point de départ (aphesis) et le poteau d'arrivée (terma) avaient des appuis en pierre avec des cavités pour les pieds de l'athlète et pour les poteaux en bois qui les séparaient. Le stade est en forme d'épingle à cheveux, avec deux blocs de sièges parallèles et un sphendonè ("virage" semi-circulaire en bout de piste) à l'extrémité Ouest. Les sièges s'élèvent à 1,30 mètre au-dessus du sol. Au Nord se trouve une tribune rectangulaire où les juges siégeaient sur des bancs à dossier. Le côté Nord a douze niveaux de sièges, tandis que le côté Sud n'en avait que six en raison de la forte pente; les deux sont divisés par des escaliers. Le stade pouvait accueillir cinq cents spectateurs. Bien que ce monument ait été conservé et restauré, une grande partie du mur de la terrasse Sud s'est affaissée et doit être reconstruite.





Quatre vues de l'ancien stade


Vue sur le site et la vallée depuis le secteur du stade


La tholos d'Athéna

La tholos du sanctuaire d'Athéna Pronaia est peut-être le monument le plus caractéristique de Delphes et l'édifice le plus important de ce petit sanctuaire. Situé entre le futur temple d'Athéna et le Trésor de Massalia, cet édifice circulaire à destination inconnue est un chef-d'œuvre de l'architecture classique. On pense qu'il était lié aux cultes chtoniens, bien que Pausanias qui découvre ses ruines au IIe siècle après J.-C., ne le désigne pas comme un temple. Selon Vitruve, cet impressionnant édifice est élevé en 380 avant J.-C. sur les plans de l'architecte Théodoros de Phocée ou Phocis, qui a même écrit un ouvrage sur les détails de sa construction. La tholos est une synthèse de la plupart des styles de l'architecture classique. Elle repose sur un podium à trois marches et les vingt colonnes doriques du péristyle extérieur supportaient une frise dorique de triglyphes et de métopes à décor en relief. À l'intérieur de la cella se trouvaient dix colonnes corinthiennes engagées. Une variété de matériaux a été utilisée afin d'obtenir un effet multicolore : le marbre de Paros et le marbre pentélique, ainsi que le calcaire bleu d'Eleusis pour les détails structurels, la base du mur de la cella et le sol. Le plafond de marbre comportait des caissons en forme de losange, dont plusieurs sont conservés. Le toit conique probable était décoré d'acrotères en forme de femmes, dans une pose de danse ; sa reconstruction reste problématique, notamment après la découverte récente de deux rangées de "gargouilles". La décoration en relief du bâtiment a été dégradée par les Chrétiens au cours des des siècles. La tholos est partiellement restauré en 1938. Plusieurs éléments architecturaux et les sculptures survivantes sont maintenant exposés au musée archéologique de Delphes.










Neuf vues de la tholos et le sanctuaire d'Athéna Pronaia

Le Gymnase
Les vestiges du gymnase se trouvent sur la pente raide entre la fontaine Castalienne et le temple d'Athéna Pronaia. C'est l'un des exemples les plus complets d'un ancien complexe de gymnases, qui comprenait le gymnase proprement dit, une palestre et des bains. Le gymnase date du IVe siècle av. J.-C., mais a été reconstruit à l'époque romaine, lorsque les thermes y ont été ajoutés. À l'origine, il était utilisé exclusivement pour l'entraînement des athlètes. L'athlétisme était pratiqué à l'intérieur du gymnase proprement dit. Les disciplines comme la lutte, la boxe et le pancrace se déroulant à l'intérieur de la palestre. Cependant, à l'époque hellénistique, le gymnase est devenu un centre de développement intellectuel et a accueilli des événements culturels, notamment des conférences d'orateurs, de sophistes, de philosophes et de poètes.
Le gymnase est construit sur deux niveaux. Sur la terrasse supérieure se trouve le xystos, ou colonnade couverte, large de sept mètres et longue de cent soixante-dix-huit mètres, où les athlètes s'entraînaient par mauvais temps, avec une piste parallèle à ciel ouvert de six mètres de large. Au IVe siècle avant J.-C., le xystos possédait une colonnade dorique en calcaire dont la façade a été remplacée par une façade en marbre ionique à l'époque romaine. Le xystos, qui doit son nom au fait que son sol devait être régulièrement gratté et nivelé (xystos = gratté), a été récemment déblayé sur toute sa longueur. La terrasse inférieure est occupée par la palestre, une cour de douze mètres carrés entourée d'une colonnade et de chambres sur les quatre côtés. Des inscriptions dans chacune de ces salles précisent leur utilisation : terrain de balle, vestiaire, fosse de lutte, et un éventuel sanctuaire d'Hermès ou d'Heraclès. Le terrain était utilisé pour la pratique de la lutte ou de la boxe. À l'Ouest de la palestre se trouve une piscine circulaire (froide) de dix mètres de diamètre et de 1,80 mètre de profondeur. Une série de bains-douches pour les athlètes, comportaient des robinets qui versaient l'eau de la source Castalienne dans dix bassins d'argile communicants. Les bains chauds à l'Ouest sont un ajout romain (120 après J.-C.). Plusieurs siècles plus tard, l'enceinte du gymnase est occupée par un monastère byzantin ; son église principale, construite au sommet de la palestre, a été démolie en 1898 par les excavateurs. Lors d'une visite à Delphes, Lord Byron inscrivit son nom sur l'une des colonnes doriques réutilisées dans le monastère.


Les ruines du complexe du gymnase entrevues depuis la route


En bref…

Il s’agit de l’un des sites les plus emblématiques de la Grèce aussi bien antique que contemporaine. On découvre, dans cette seconde partie, les monuments les plus emblématiques du site. Bien qu’un peu moins connu que l’acropole d’Athènes, le sanctuaire de Delphes devrait faire partie des incontournables d’une visite en Grèce continentale ! Le site est classé au patrimoine mondial par l'UNESCO. Les photos de cet article ont été prises en mai 2014, le site étant quasiment vierge de touristes à cette période de l'année…


Carte satellite situant Delphes et la Phocide (source Google)


Accès

- D’Athènes, en voiture, comptez un peu plus de 2 heures pour parcourir les 180 km de trajet vers Delphes par l’autoroute 1 (E75).

- De Kalambaka (Météores) environ 3h15 et 230 km de route.

- Il existe évidemment une multitude de possibilités de partir en excursions organisées de groupes depuis la capitale grecque.

Tarifs musée et site archéologique (2022) : plein tarif 12€, Réduit 6€ (en hiver)


Les magnifiques oeuvres du musée archéologique de Delphes se découvre en cliquant sur le lien suivant !


6 commentaires:

  1. De très belles photos, mais aussi quel travail pour décrire et expliquer ! J'imagine le temps passé ! Chapeau !

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    1. J'ai utilisé un document descriptif en anglais que j'ai traduit et arrangé pour l'article. Les photos ont été prises il y a maintenant plus de 8 ans, par une belle journée de printemps.

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  2. Magnifiques photos qui complètent parfaitement le 1er article ! Le temps a abîmé de nombreux édifices mais la magie des lieux perdure...

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    1. Plus grand nombre de photos dans ce deuxième article, en effet !

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  3. Comme mes camarades, cet article si riche et si bien documenté (grâce à la source en anglais si bien analysée et traduite pour notre plaisir et notre curiosité) m'a fortement impressionnée et emportée dans cet univers très ancien, des photographies somptueuses où "Colonnes et fleurs" défilent sous différents angles. Julien est à la fois professeur d'histoire et photographe généreux, patient, amoureux de l'endroit, isolant pour nous les émouvantes colonnes du temple d'Apollon qui s'élèvent fièrement parmi les gracieuses fleurs jaunes, de l'aneth peut-être, le théâtre de Delphes en calcaire du Parnasse qui pouvait accueillir 5000 spectateurs pour des concours dramatiques et lyriques, puis le stade et le gymnase...

    C'est un cours de civilisation grecque que nous donne Julien en retraçant l'historique de ces lieux emblématiques, et l'on aime à revenir sur les vues magistralement cadrées pour découvrir la Tholos et le sanctuaire d’Athéna, rotonde touchante, colonnes comme balafrées, amputées par le temps, pansées par endroits, créant une forme une harmonie de ruines.

    Tant de splendeurs qui ont survécu aux siècles, le travail de notre photographe est précieux, il fait monter jusqu'à nous la force hellénistique, la passion des chercheurs, les hypothèses des érudits, et la majesté du paysage que le dernier tableau "Les ruines du complexe du gymnase entrevues depuis la route" illustre magnifiquement, et pas un humain, juste quelques abeilles butinant les boules duveteuses de ces hautes et belles fleurs jaunes...

    Merci Julien et bravo pour l'ensemble de ce voyage. Que de temps passé pour les textes! Et sans les textes nous ne pourrions pas apprécier la dimension, l'importance historique de ce sanctuaire.

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