dimanche 7 août 2022

ALLEMAGNE - Bavière - L'Asamkirche de Munich

L’Asamkirche de MUNICH

Rococo munichois ****


L’église Asamkirche, officiellement St.-Johann-Nepomuk-Kirche (église Saint-Jean-Népomucène), donne sur la Sendlinger Strasse dans la vieille ville de Munich. Elle est construite entre 1733 et 1746 par les frères Asam (Cosmas Damian Asam et Egid Quirin Asam). Elle est considérée comme l'un des édifices les plus importants du baroque tardif du Sud de l'AllemagneL'église était, à l'origine, destinée à assurer la fonction de chapelle privée des frères Asam, alors résidents de Munich. Après qu'Egid Quirin Asam ait réussi à acquérir plusieurs terrains proches de sa maison entre 1729 et 1733, il y fait bâtir l'église Saint-Jean-Népomucène avec la collaboration de son frère, Cosmas Damian. La première pierre est posée en 1733, le jour de la fête de saint Jean Népomucène, par le prince électeur Maximilien Joseph de Bavière. L'édifice, alors inachevé, est consacré le 1er mai 1746.


Partie haute de la façade


Façade de l'église dans la Sendlinger Strasse


Architecture

Le bâtiment, initialement à usage privé, est érigé en tant qu'église "pour la plus haute gloire de Dieu et pour le salut des constructeurs". L'usage privé permet aux frères de construire selon leur propre volonté. Quirin Asam conçoit le maître-autel de telle sorte qu’il soit visible à travers une des fenêtres de sa résidence privée, tel un monarque. Les frères sont contraints de l’ouvrir au public suite aux protestations de la population. L'église comporte sept confessionnaux ornées de représentations allégoriques. La façade baroque est intégrée à la rangée de maisons de la Sendlinger Strasse et ne s'incurve que légèrement vers l'extérieur. Elle occupe un très petit espace, la propriété ne mesure que 22 m sur 8. L'exploit des deux maîtres bâtisseurs, qui allient harmonieusement architecture, peinture et sculpture dans un intérieur à deux étages, en est d'autant plus étonnant. L'éclairage indirect dans la zone du chœur est très bien pensé : des fenêtres cachées derrière la corniche principale éclairent efficacement les figures de la Trinité par l'arrière. La corniche principale, elle-même, semble onduler en raison de sa forme incurvée. L'intérieur de l'édifice est divisé verticalement en trois étages, dont la luminosité augmente de bas en haut. L'étage inférieur avec les bancs pour les fidèles est maintenue relativement dans l’ombre et symbolise la souffrance du monde. Le deuxième étage, avec sa tribune, blanc et bleuté, est réservé à l'Empereur. L'étage supérieur, avec sa fresque de plafond éclairée indirectement, est dédiée à Dieu et à l'éternité. Le chœur a été gravement endommagé lors d'un bombardement en 1944, et ce n'est qu'après la restauration de 1975 à 1983 qu'on a pu restituer un hypothétique aspect original du chœur d’après les sources disponibles.


L'élévation de la nef à trois étages


La fresque du plafond



La tribune impériale (2 vues ci-dessus)


La fresque du plafond


Le maître-autel


Partie supérieure de l'abside


Ameublement

Dans l'antichambre, se trouve un confessionnal de chaque côté, celui de gauche est dédié à l'apôtre Pierre. Celui de droite, dédié à saint Jérôme, est en stuc grandeur nature. Saint Pierre est représenté avec deux clés symbolisant le lien entre la terre et les Cieux. A gauche de la niche de saint Jérôme, on découvre l'épitaphe d'Ignaz GüntherQuatre colonnes ornent le maître-autel, en référence aux quatre colonnes du Bernin au-dessus du tombeau de Saint-Pierre dans la basilique éponyme à Rome. Sous le tabernacle se trouve une relique de saint Jean Népomucène. Au-dessus du maître-autel, on aperçoit un propitiatoire en trois dimensions, sur lequel Dieu le Père est représenté avec la triple tiare papale sur la tête. A la différence d’une église paroissiale baroque, généralement très strictement structurée, l'église Asam présente certaines particularités dues à son statut d'église privée : Elle fait face à l'Ouest et non à l'Est comme c’est la règle, ce qui signifie que le maître-autel regarde vers l'occident. De plus, le crucifix face à la chaire est suspendu assez bas : dans les églises baroques, il doit être placé plus haut que la chaire, de sorte que le prédicateur regarde en direction de Jésus.


Chapelle orientale


La paroi "Sud" de la nef juste après la clôture l'antichambre


Fresque solaire au plafond de l'antichambre


L’orgue

Il a été construit en 1982 par Wilhelm Stöberl. Il comporte 16 registres sur deux manuels et un pédalier avec des coffres à curseurs mécaniques.


L'orgue au revers de la façade


La maison du prêtre

Il s’agit d’un bâtiment attenant, au Nord l'église,  de style baroque tardif, étroit avec cinq étages et des cadres de fenêtres en stuc, des pierres de crête ornementales et des corniches richement profilées. Elle est probablement due à Matthias Krinner, sur la période 1771 à 1773. L'Asamhaus, demeure des frères Asam, jouxte l'église au Sud-ouest.


L'Asamhaus, immédiatement à gauche de l'église


L'Asamhaus et l'église qui la jouxte


En bref…

Avec son étroite façade qui cache le trésor rococo de la capitale de Bavière, l’Asamkirche fait partie des incontournables d'une visite dans le centre-ville de Munich. L'étroitesse de l'espace n'a d'égal que la profusion des décorations. Les photos de cet article ont été prises en septembre 2014 et juin 2020.


Carte satellite situant l'église dans Munich (source Google)


Accès

L'église Asam, située au 32 de la rue Sendlingerstrasse,  se rejoint en environ six ou sept minutes à pied depuis la célèbre Marienplatz, place centrale de la capitale bavaroise !





Quatre photos en grand angle de l'élévation de la nef


L'élévation du chœur


L'extrémité Sud de la nef et la tribune de l'orgue


Côté "Sud" de la nef


Côté "Nord" de la nef


La dédicace gardée par ses angelots et son squelette (vanité) très "Rococo"


Saint Pierre et ses clés dans l'antichambre


7 commentaires:

  1. Le travail de Julien sur ce "monstre baroque" bien caché, coincé entre deux "maisons", est admirable. Beaucoup de renseignements historiques, d'informations sur la genèse de cette église, des légendes d'une grande précision, ce qui permet une visite guidée rien que pour soi..
    .
    Il s'agit d'une illustration parfaite de l'art baroque-rococo, cet art que d'aucuns détesteront, le jugeant trop surchargé voire pompeux, tandis que d'autres seront charmés, impressionnés, surpris par tant d'exubérance et de mouvement.

    Ces magnifiques photographies montrent combien le mouvement est important, les personnages bougent, ont des visages expressifs, les bras s'étirent en hauteur, les mains s'accrochent à des guirlandes dorées, les colonnes semblent spiraler, les tissus s'envolent, les angelots s'extasient...
    Les couleurs aussi nous émerveillent, les contrastes entre l'or et le blanc des stucs, les marbres roses et jaunes alternant avec le gris, et les fresques paraissent de mousseline légère, en mouvement elles aussi, comme les ultimes apparitions d'un décor de théâtre.
    "La fresque solaire au plafond de l'antichambre" est juste sublime dans son rayonnement, suivie par "L'orgue au revers de la façade" qui éblouit aussi, parlant à l'imagination auditive d'un concert, l’œil distrait par de tant de détails à découvrir...

    Peut-on se recueillir vraiment dans une telle église? Certes la multitude de sculptures, de tableaux, d'ornements, le foisonnement frise l'outrance rococo, mais on se délecte des formes, de cet ange et du squelette en or, du frémissement incessant qui semble agiter les rideaux pourpres, une brise imaginaire...Alors pourquoi pas?

    Merci Julien pour cette visite enthousiasmante, surprenante, bariolée et animée.


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  2. je ne reçois plus tes avis de parution!!!!!
    Bon....coté architecture c'est beaucoup...trop??? Le baroque italien en pâlit

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    1. Tu étais abonnée ? J'ai rien changé aux paramètres, mais google fait comme bon lui semble...
      Sacré concurrents les bavarois en terme de Baroque ;)

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    2. bien sur que je suis abonnée! Et tu es parmi les seuls pour lesquels mon compte google est pris en compte. Les autres....c'est anonyme!

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  3. J'avais oublié la maison juste à côté, dont la façade est également très travaillée. Les dernières photos en grand angle valorisent bien la somptueuse chapelle ! Merci pour le rappel historique également !

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