lundi 29 mars 2021

FRANCE - Normandie - L'abbaye du Mont Saint-Michel – Partie 2 sur 2

L'abbaye du MONT SAINT-MICHEL  – Partie 2 sur 2

1300 ans d’existence *****

(Version mars 2021)


L’abbaye

Pour découvrir l'histoire de l'abbaye du Mont Saint-Michel et la première partie de la visite en photos (arrivée à l'abbaye, découverte de la terrasse et de l'église abbatiale), veuillez cliquer ici SVP !


Suite de la visite...


Le cloître

Il s’agit de l’une des parties de la Merveille. Il est édifié entre 1225 et 1228 sur un plan de quadrilatère régulier. Les contraintes de terrain ne permirent pas de placer le cloître au centre du monastère comme dans les autres abbayes. Il conserve sa vocation spirituelle mais ne remplit pas le rôle de nœud de communication avec le reste de l’ensemble. La galerie Sud est accolée au croisillon Nord du transept de l’abbatiale. Une porte communique avec l’église. La galerie Ouest s’ouvre sur trois arches directement dans le vide (une vitre évite les chutes de nos jours...), au-dessus de la baie. La salle capitulaire, 3e étage d’une section jamais construite mais dont le terrassement est visible, aurait dû être connectée au cloître par cette galerie occidentale. Un lavatorium permettait de se laver les mains avant d’entrer dans le réfectoire dont l’entrée se trouve dans la galerie orientale. Un cachot a été aménagé tardivement au XIXe siècle sous les combles de la galerie Nord. Les colonnettes en calcaire, qui encadrent l’espace central aménagé en jardin médiéval (recréé en 1966), adoptent une disposition en quinconce. Les sculptures d’ornement sont en pierre de Caen (calcaire). Des travaux ont été mené à partir de 2017 sur le cloître (les photos présentées ici sont de 2016, donc antérieures).


La statue de Saint Michel vue du cloître


Angle Sud-est des galeries

Le quadrilatère central vu de la galerie occidentale


L'abbatiale le long de la galerie Sud


Perspective entre les colonnettes


Les colonnettes et les ogives gothiques en quinconce


L'angle entre les galeries Nord et Ouest


Le quadrilatère central et la galerie occidentale au fond


La galerie Nord depuis la galerie orientale


L'angle des galeries Sud et Est


Mur de la galerie Sud avec ses soupiraux qui donnent sur l'étage inférieur

La baie vue depuis le cloître


Le réfectoire (1217-1220)

Formant le dernier et 3e étage de la partie orientale de la Merveille, il fait suite au cloître. On y accède par la galerie orientale de ce dernier. D’un seul tenant, deux murs parallèles le limite au Sud et au Nord. Un berceau en lambris recouvre l’ensemble. Un pavage en terre cuite vernissé y a été recréé dans les années 1960. Cinquante-neuf colonnettes engagées délimitent les ouvertures étroites des fenêtres à ébrasements profonds. De l’entrée, la perspective donne une impression de murs pleins étant donnée cette disposition des fenêtres. Des chapiteaux à crochets et tailloirs arrondis de style gothique normand surmontent ces colonnettes. Une chaire de pierre, occupant deux arcatures et visible sur le mur Sud, permettait au moine lecteur d’être visible de toute l’assistance. Un espace est aménagé pour le monte-charge dans l’angle Ouest de ce même mur.


Le réfectoire d'Ouest en Est

Le plafond en lambris

La chaire de pierre dans le mur Sud

Le revers du mur Ouest donnant dans le cloître

Escalier des mauristes

Il relie les deuxième et troisième étages de la Merveille. On y croise l’œuvre en bas-relief « Le songe de saint Aubert », par Barré, 1860.


"Le Songe de Saint Aubert"


Salle des Hôtes

Située sous le réfectoire, elle se destinait à recevoir les hôtes de marque (nobles, roi). Elle présente une structure en croisées d’ogives à deux nefs séparées par 6 colonnes à chapiteaux aux motifs végétaux. Sa structure reprend celle de l’aumônerie (billetterie), située juste au-dessous. On note la présence de contreforts intérieurs habillés de colonnes engagées. Le mur Sud, borgne, fait face au mur Nord largement ouvert par de grandes fenêtres à meneaux horizontaux. On remarque également une double cheminée qui occupe la quasi-totalité du mur occidental et la présence de latrines suspendues. Les vitraux et carreaux d’origine ont aujourd’hui disparu.



Deux vues de la Salle des Hôtes


Crypte des Gros Piliers

La visite se poursuit en accédant à la Crypte des Gros Piliers, élevée au milieu du XVe siècle (1446-1450) pour soutenir le chœur gothique de l’église abbatiale écroulé en 1421. Elle occupe l’emplacement de l’ancienne crypte absidiale. Elle reprend, sur le modèle du chœur abbatial, un plan de type déambulatoire avec 6 chapelles rayonnantes. La salle possède 10 piliers dont 8 assez monumentaux et cylindriques de 5 mètres de circonférence. Ils n’ont pas de chapiteau mais des bases polygonales. Deux colonnes, plus fines et géminées, soutiennent le centre de la voûte par des arcatures multiples les faisant comparer à des palmiers. Les portes de cette crypte débouchent vers : la Chapelle Saint-Martin, l’Officialité, les bâtiments abbatiaux et un escalier montant à l’abbatiale.


Les "piliers" dans la salle éponyme

Les "Palmiers"

Chapelle absidiale de la Vierge Noire

Vue des "piliers" depuis une chapelle rayonnante


Crypte Saint-Martin

Petite salle carrée au Sud du rocher, elle supporte le croisillon Sud du transept abbatial. Elle présente une voûte en berceau d’une portée de neuf mètres. Une abside en cul-de-four la ferme à l’Est. La Chapelle des Trente-Cierges au Nord (non incluse dans la visite) reprend une structure comparable.


Autel de l'abside de la crypte Saint-Martin


Ancien ossuaire et roue d'écureuil

Un ensemble de bâtiments occupe le Sud de ce niveau. On le doit à l’abbé Robert de Torigni. La « roue d’écureuil » se trouve dans l’ancien ossuaire depuis 1819 et permettait, par un système de treuil, de monter les vivres jusqu’à cet étage lorsque l’abbaye était une prison. Elle était actionnée par des détenus.



Deux vues de la "roue d'écureuil" dans l'ancien ossuaire


La Chapelle Saint-Étienne

Elle se situe à l’Ouest de l’ossuaire, et date de 1154-1164. Elle faisait office de chapelle des morts. Dans l’ancienne infirmerie, une fresque appelée « Dit des trois morts et des trois vifs » évoque la confrontation de personnages vivants et morts. La scène reprend le thème des « vanités » ou des danses macabres. L’escalier Nord-sud, situé sous la terrasse de l’Ouest, conduit au promenoir.


Chapelle Saint-Etienne


« Dit des trois morts et des trois vifs »



Escaliers menant au promenoir des moines


Promenoir des moines (vue sur la salle de l'Aquilon et le Cachot du Diable)

Salle à trois piliers et double nef de fonction incertaine, elle conduit au « Cachot du Diable », salle voûtée à unique pilier, à la Chapelle des Trente-Cierges et à la Salle des Chevaliers, un peu en contrebas.


Promenoir des moines

Le Cahot du Diable


La Salle des Chevalier

Appartenant à la Merveille, et prolongeant la Salle des Hôtes, elle soutient grâce à ses 12 colonnes le cloître. Il s’agissait du scriptorium des moines dans lequel ils s’attelaient aux traductions et copies d’ouvrages religieux. Son nom viendrait de la confrérie des chevaliers créée par Louis XI. Cette salle comprend, en outre, un système de chauffage par cheminées.





Quatre vues de la magnifique Salle des Chevaliers


Cellier

La visite se termine dans l’ancien cellier au premier niveau, dans lequel on conservait les vivres, et qui fait office de boutique de nos jours. On sort ensuite par les jardins en longeant la façade Nord de l'abbaye.


La Merveille vue des jardins, au Nord

La terrasse Ouest et le clocher de l'abbatiale dans un décor givré

La solide façade Nord à contreforts


En bref…

Probablement l’un des plus beaux monuments de l’Occident, brillant à la fois par l’esthétique de sa construction que par le choix de son site naturel d'édification. Il faut y aller au moins une fois dans sa vie...  Attention ! 3,5 millions de visiteurs par an (auparavant...), méfiez-vous de l’affluence de touristes ! Il est possible de visiter l’abbaye du Mont Saint-Michel presque « seul » : Lors des nocturnes en été (témoignage d’amis qui ont eu cette opportunité) ou bien en hiver. J’ai pris les photos, présentées ici, le 31 décembre 2019. Cet article n'est qu'un tour d'horizon de l'histoire et de l'architecture du site qui mériterait plusieurs volumes ! Certaines salles ne sont pas au programme de la visite classique et donc non présentées ici... La baie du Mont Saint-Michel et son abbaye sont, bien sûr, classées au patrimoine mondial par l'UNESCO.


Carte Satellite de la Baie du Mont Saint-Michel (source Google)


Informations pratiques

- De Rennes, comptez 67 km et 1h de route par la D175 et Pontorson.

- De Caen, 1h20 et 122 km par l'A84 puis la N175.

- De Paris, environ 3h45 et 360 km que vous passiez par l'A13 et Caen ou, par l'A11 et Le Mans.

- L'espace de stationnement se trouve sur le "continent", à l'Est du centre d'information, un peu au Sud du nouveau barrage. Pour se rendre au Mont il est nécessaire de prendre une navette (bus réguliers) ou bien d'y aller à pied (environ 3 km aller, soit 35-40 min).

- Il existe plusieurs options qui permettent de découvrir la baie à pied avec des guides expérimentés, depuis différents points de son pourtour.

Une partie de la digue (1085 mètres), légèrement décalée vers l’Est, est désormais prolongée par le pont-passerelle en fin de parcours (760 mètres). Le gué de 120 mètres donne accès au village du Mont.


La Chapelle Saint-Aubert veillant sur la baie, vue depuis les jardins


10 commentaires:

  1. Encore et toujours admirative de la profusion des détails, de la richesse lexicale des légendes, du sens donné à la visite qui devient visite guidée, visite privée au cœur de la Merveille, je découvre la deuxième partie de ce pèlerinage photographique. Après le rocher et sa baie, les jeux de lumière hivernale, le givre, l'approche magistrale de l'Abbaye, notre photographe nous ouvre ses portes. Pas de bruit, pas de touristes agités, pas d'effervescence, chaque photographie est pour nous, levant le voile sur chaque étape du parcours, accompagnée de l'essentiel précieux qui permet de la comprendre.

    On comprend l'enthousiasme de Victor Hugo après un voyage au Mont Saint-Michel. Il écrit dans "Actes et paroles" en 1884: " Le Mont Saint-Michel est pour la France ce que la grande pyramide est pour l’Égypte. Il faut le préserver de toute mutilation. Il faut que le Mont Saint-Michel reste une île. Il faut conserver à tout prix cette double œuvre de la nature et de l'art." Son souhait a été entendu pour notre grand bonheur.

    Éblouissante visite qui commence par ces vues sur le jardin médiéval en grande sobriété hivernale depuis les différentes galeries et les sublimes colonnettes et ogives gothiques en quinconce, un aperçu de la baie vue du cloître, avant de poursuivre par le réfectoire et cette étrange chaire de pierre dans le mur Sud.
    On revient à la légende avec la sculpture du "Songe de Saint Aubert" qui rappelle que l'Archange Michel serait apparu en songe à l'évêque d'Avranches, Aubert, afin de réclamer son monastère. A trois reprises et en lui touchant la tempe, l'Archange marque littéralement l'évêque qui consacra l'îlot du Mont Tombe à l'Archange...
    On croise aussi une très belle Vierge Noire médiévale à la robe dorée. Peu de sculpture, pas de tableau, mais des salles imposantes, vastes, des piliers monumentaux dont certains font cinq mètres de circonférence et d'autres appelés palmiers sont plus minces...La "crypte des gros piliers" est impressionnante...
    Et cet escalier menant au promenoir des moines, le promenoir des moines, la très impressionnante Salle des Chevaliers...

    On ressort de cette forêt labyrinthique de piliers et de colonnes traversée d'une "roue d'écureuil" évoquant des prisonniers au XIXe siècle, le Cachot du Diable, et on se retourne vers les murs solides et imposants de l'Abbaye qui recèle tant de beautés architecturales, l’œuvre d'innombrables tailleurs de pierres.
    La dernière photographie montre la Chapelle Saint-Aubert sur son petit rocher, comme un minuscule joyau, un talisman veillant sur la baie, surmonté de la statue de Saint-Aubert, la baie et ses cailloux verts, la Manche, sous une lumière de fin d'après-midi peut-être...

    L'Abbaye fermée depuis le 30 octobre 2020 a été honorée hier soir (le 29 mars 2021) par l’artiste néerlandais Eelke Kleijn qui s'est produit en live pour des milliers d'internautes, au sommet du Mont, pour un unique concert électro...

    Merci Julien pour cette seconde partie aussi envoûtante que la première.

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    1. Il n'est pas facile de s'y retrouver entre les salles "visitables" et celles qui restent cachées aux regards, même après deux visites au calme, en hiver...
      Je suis, d'autre part, tout à fait d'accord avec Hugo !
      La visite des salles de la Merveille offre un spectacle moins commun que celle de l'abbatiale qui, elle, ne prend tout son essor esthétique que lorsqu'on en découvre la terrasse suspendue dans son décor littoral majestueux. La visite nous projette dans un parcours en colimaçon en changeant plusieurs fois d'étages à mesure que l'on effectue le tour des points cardinaux. On en ressort désorienté dans le l'espace et sûrement aussi un peu dans le temps, suspendu dans l'édifice.

      Je ne savais pas que l'abbaye était le théâtre d'une activité évènementielle toute récente !

      Merci Nadine pour cette information ancrée dans l'actualité.

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  2. Théophile Gautier a écrit un texte fort intéressant : "Quand on voyage" (1865) que l'on peut lire en ligne...
    Le Mont Saint-Michel a aussi inspiré quelques auteurs de romans policiers et un téléfilm passé sur la 3 : "L'ombre du Mont Saint-Michel"...

    L'avantage des belles photographies est que l'on peut ressentir cette désorientation dont vous parlez si bien, et s'attarder sur les détails.

    Merci encore Julien!

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    1. L'abbatiale est pourtant, elle, bien orientée... vers Jérusalem !

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  3. Incroyable plongée dans cette deuxième partie . Une lecture ne suffit pas , a revoir :)

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  4. C'est une visite complète que tu nous offres de cet extraordinaire monument dans lequel on se perd ! En effet, à faire un fois dans sa vie (au moins !)

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  5. Je comprends que tu y retournes ... tous les 7 ans :) . Article passionnant et photos très inspirées, le lieu splendide s'y prête. Merci !

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