L’abbaye Saint-Georges de Boscherville - Partie 1 sur 2
Saint Georges à Saint-Martin***
Il s’agit d’une ancienne abbaye située dans la commune (presque éponyme !) de Saint-Martin-de-Boscherville, dans le département de la Seine-Maritime (76) en Normandie, à l’Ouest de Rouen dans une boucle de la Seine.
L’abbatiale Saint-Georges
De style Roman normand homogène du début du XIIe siècle et de plan classique cruciforme, elle impressionne par sa luminosité due à de larges baies fenêtrées ainsi qu’à la présence d’une haute tour-lanterne à la croisée du transept. Sa décoration sobre s’enrichit néanmoins de modillons soutenant les corniches des toits. Des trous de boulins matérialisent encore les emplacements des pièces d’échafaudage montés à la construction de l’édifice. La sacristie constitue un ajout du XVIIe siècle. Le chevet semi-circulaire de l’église s’élève sur trois niveaux. L’inférieur à arcatures aveugles possède des chapiteaux sculptés dont celui dit du « monnayeur » fait, sans doute, référence à Saint Éloi (patron des orfèvres).
Un peu d’histoire
Une chapelle funéraire chrétienne du VIIe siècle, peut-être déjà dédiée à Saint Georges, occupe l’ancien emplacement d’un ancien temple des Ier et IIIe siècles. Seul un cimetière s’articule autour de cette chapelle jusqu’au XIe siècle. Vers 1055, Guillaume de Normandie dit le Conquérant offre à Raoul, son précepteur, le terrain de la future abbaye. Des chanoines y installent une communauté. Raoul fait agrandir l’édifice en ajoutant un chœur et un transept. Guillaume Ier de Tancarville, fils de Raoul, fonde l’abbaye Saint-Georges (S. Georgius de Balcherivilla) en 1113. Des moines bénédictins de Saint-Evroult-en-Ouche s’y installent et bâtissent l’abbatiale entre 1113 et 1140 puis les autres bâtiments conventuels en calcaire du val de Seine. L’abbaye prospère aux XIIIe et XIVe siècles. La Guerre de Cent Ans marque la fin de la période faste. Une nouvelle communauté, mauriste, prend les rênes de l’abbaye en 1659 sous l’impulsion de l’abbé Louis de Bassompierre. Ils entament l’aménagement des jardins vers 1680. Des tensions naissent de la cohabitation des ancienne et nouvelle communautés monacales. La Révolution française sonne le glas de l’abbaye en 1790 et les lieux sont confisqués aux sept moines qui y vivent encore. L’abbatiale devient église paroissiale après son rachat par la commune. Les bâtiments sont alors vendus à un industriel. Après sa faillite en 1822, les bâtiments sont démantelés, et la salle capitulaire rachetée par le département. Le site intègre une exploitation agricole active jusqu’en 1987. Il est ensuite progressivement réhabilité depuis plus de 20 ans afin de restituer le projet mauriste des jardins et des bâtiments conventuels.
La salle capitulaire
Construite à la fin des années 1170, son style marque la transition entre styles Roman et gothique. Elle se situe à l’Est de l’ancien cloître et accolée directement à la façade Nord de l’abbatiale. Rectangulaire, elle occupe un espace au sol de plus de 16 mètres sur plus de 7 de large avec une hauteur sous plafond d'environ 12 mètres. Des copies remplacent certains chapiteaux historiés endommagés (1992 d’après des dessins du XIXe siècle) alors que ceux du cloître, disparu, y sont exposés. Les statues-colonnes possèdent des rubans gravés rappelant la règle de Saint Benoît. La statuaire ne serait pas uniquement d'origine normande.
Les jardins
Le cimetière des moines occupait jusqu’au XIVe siècle l’espace situé au-delà du chevet de l’abbatiale. Les mauristes aménagent des jardins dès 1680 selon un plan à la française. Ces jardins font l'objet d'un réaménagement continu depuis environ une vingtaine d'années, en s'inspirant du projet initial des Mauristes. On distingue quatre terrasses s'échelonnant sur le coteau et séparées par des murs de soutènement, ce qui dénote une influence italienne. Une allée centrale conduit à un escalier, un pavillon, une rotonde et un bassin. Des cadrans solaires de l’époque mauriste sont encore visibles au pied de l’escalier. Le Pavillon des Vents domine l'allée centrale depuis la plus haute terrasse. Les parties inférieures comprennent des plates-bandes carrées dédiées au potager et aux herbes médicinales, selon l'organisation d'un jardin médiéval. Des verges bordent le tout en allant vers l'extérieur. Des jardins d'agréments occupent les terrasses supérieures.
En bref…
Saint-Georges se positionne comme l'une des abbayes majeures du secteur des boucles de la Seine. Moins impressionnante par son architecture que la romantique Jumièges (toute proche), ses jardins extrêmement bien entretenus possèdent un charme unique. Son abbatiale, en excellent état, s'érige en modèle d'architecture de la région. Le site a obtenu le label « Jardin remarquable » du Ministère de la culture. Les photos de cet article ont été prises en juin 2020.
Accès
-L’abbaye n’est qu’à une dizaine de kilomètres et environ 15 minutes de route de Rouen par la D982.
L’accès à l’abbatiale est libre. Il faut s’acquitter d’un droit d’entrée pour les jardins et les bâtiments conventuels.
Tarifs 2020 : adulte 6€, réduit 4,50€ et gratuité pour un large public.
Pour s’informer des heures d’ouvertures très perturbées par la situation sanitaire actuelle, vous pouvez consulter le site officiel ici !
Encore un splendide lieu que nous découvrons en Normandie, plongeant en été dans un foisonnement de verdure, prenant l'allée en tonnelle, visitant cette abbatiale, ses jardins, ses parterres de plantes aromatiques et médicinales...Notre photographe nous livre beaucoup d’informations sur cet endroit que l'on commence à visiter joyeusement, accueillis par une superbe sculpture moderne "La Vierge à l'enfant", délicate et paisible, toute en rondeur.
RépondreSupprimerÔ ces fleurs épanouies, ô cette abeille toute en fourrure butinant le cœur d'un pavot, ces groseilles, ces pavots de Californie aux pétales soyeux, jaune vif, ces roses, ces bleuets, on n'est pas étonnés que le label "Jardin remarquable" (créé en 2004) ait été attribué à cet ensemble si merveilleusement photographié, et toutes les senteurs nous envahissent...
Merci Julien, il fait bon se promener ainsi sur la toile alors que le vent et la pluie ajoutent aujourd'hui à quelque morosité, aujourd'hui que commence la vaccination contre le Covid, un espoir nous habite aussi, et puis toutes ces merveilles de Coins du Monde font rempart contre la solitude...
C'est avec plaisir que je tente de faire voyager et dépayser !
SupprimerVous avez raison, j'ai oublier de préciser qu'il s'agit d'un jardin remarquable...
La suite est dans les tuyaux et va bientôt en sortir.
Je viens de créer une catégorie "Jardins remarquables" dans la colonne de droite afin d'indexer les articles correspondants. 15 articles (parfois 2 ou articles pour un même site).
SupprimerÉtonnant de voir comment cette abbaye allie nature et architecture. Vivement la suite de cette belle promenade !
RépondreSupprimerça arrive !
SupprimerUn douzième siècle qui resiste et se fleurit ! Splendide
RépondreSupprimerN'est-ce pas ?
SupprimerEt je regarde vite là suite !
RépondreSupprimerJ'espère bien :)
SupprimerL'intérieur me rappelle un peu le monastère royal de Broue que j'aime beaucoup pour sa pureté intérieure.
RépondreSupprimerOui, il y a de cette blancheur pure. Brou étincelle en plein soleil !
SupprimerLumineuse, légère et équilibrée, vu de l'extérieure, et si massive de l'intérieur ! Très malmenée par l'histoire, il fallait cette solidité pour que cette abbaye parvienne jusqu'à nous après 9 siècle. Grâce à toi j'ai découvert le mot "mauriste", dont il me reste à trouver le sens.
RépondreSupprimerMoine bénédictin de la branche de Saint Maur. Je crois que la règle de cette congrégation était globalement proche de la règle originale de Saint Benoît (Ora et Labora).
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