L’abbaye de PONTIGNY
Deuxième fille de Cîteaux****
En 1114, l’abbé Hugues de Mâcon fonde la deuxième fille de Cîteaux, parmi les « quatre premières filles », à Pontigny dans le Nord de l’actuel département de l’Yonne. Il est accompagné d’une petite communauté de moines. Le domaine abbatial s’agrandit et met en place un système de granges et d’ateliers exploités par des frères convers. Les Guerres de religions endommagent les bâtiments, dont la restauration débute au XVIe siècle. L’église abbatiale devient paroissiale en 1803 après le démantèlement de l’abbaye par les révolutionnaires. La communauté aurait été d’une petite vingtaine de moines à l’époque. Prosper Mérimée demande son classement au titre de monument historique en 1840. Paul Desjardins achète le domaine en 1906. En 1945, la Société des Pères de Saint-Edme (Pères américains) rachète le domaine à Madame Desjardins pour y fonder un collège franco-américain. La Mission de France en fait l’acquisition en 1954. En 1967, le séminaire quitte Pontigny pour s'installer en Île-de-France et le domaine est vendu à l’Association pour l'insertion professionnelle des Personnes Handicapées, qui en 2003 déménage près d'Auxerre. Le domaine est alors acheté par le Conseil Régional de Bourgogne. En 2020, il est mis en vente et après un appel à projets, acquis par la Fondation François Schneider.
Les protecteurs du domaine
Les rois de France seront, dès Louis VI le Gros, des protecteurs de l’abbaye et de ses moines. Adèle de Champagne, 3e épouse de Louis VII et mère de Philippe Auguste, est inhumée en 1206 à Pontigny. Dès le pontificat d’Innocent II, les papes se positionnent également comme bienfaiteurs de l’abbaye. Le territoire de Pontigny se situant à un carrefour politico-religieux, les évêques d’Auxerre, de Sens, de Langres et de Troyes favorisent son développement. Les archevêques de Cantorbéry, dont Thomas Becket, marquent le lieu de leur visite : Edmund d’Abingdon y est inhumé en 1240 et sera canonisé sous le nom de saint Edme.
Autour de l'abbaye
Le temporel de l’abbaye s’étend aux XIIe et XIIIe siècles par le biais de donations de territoires de ses différents bienfaiteurs et la construction de granges, de moulins et de celliers. Les volumes de la célèbre bibliothèque de Pontigny sont dispersés après la Révolution. L’abbaye essaima avec une filiation de 43 abbayes-filles dont celle de Chaalis, en 1136 dans le diocèse de Senlis (Fontaine-Chaalis, Oise, France).
Architecture et organisation du domaine
Le domaine comprenait l’ensemble des bâtiments monastiques abritant les moines, les convers et les hôtes. On voit encore l’enclos de hauts murs. Au centre coule un bief dérivé du Serein (rivière) qui actionnait les trois moulins.
Le bâtiment des convers, construit entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, mesure 35,50 m de long sur 14,50 m de large, comporte deux étages, voutés en deux nefs de six travées. Au rez-de-chaussée se trouvaient probablement le cellier et, à l’étage, le dortoir des frères convers. La galerie sud du cloître, reconstruit au début du XVIIIe siècle, de près de 50 m de long, donne une idée de l’ampleur de cet espace lorsqu’il était complet.
Les bâtiments abbatiaux, dont la construction débute en 1138 et s’achève en 1150, sont faits de pierre calcaire issue des carrières de Bailly, située à proximité du site. La quête d’essentiel cistercien se retrouve dans la conception de l'abbatiale Pontigny, bien que la place donnée à la lumière soit une innovation de l’époque.
Le plan de l'église est en croix chrétienne avec un grand axe de 108 mètres (intérieur et 117 m extérieur avec le porche) se terminant par le chevet et orienté, classiquement, vers Jérusalem. Un porche roman de pierre précède le portail. Le transept couvre 54 mètres de grand axe. Le chevet à 3 niveaux (sanctuaire, déambulatoire, et chapelles rayonnantes) est un ajout postérieur qui prend la place de l’ancien chevet plat initial. La nef comporte quelques éléments gothiques (voûtes en ogives) sur une structure romane alors que les bras du transept conservent le style d’origine. Le chœur est agrandi à la fin du XIIe siècle et un déambulatoire gothique y est adjoint. Les restaurations des XVIIe et XVIIIe siècles ajoutent des éléments baroques : stalles sculptées, grilles, clôture du chœur, et l’aile du cloître encore debout.
En bref…
Abbatiale massive d’une des 4 principales abbayes-filles de Cîteaux, elle reste pourtant méconnue. Elle mérite pourtant l’arrêt et même le détour. Son architecture impressionnante en bon état de conservation (plus grande abbatiale cistercienne encore debout) en fait un monument incontournable de l’Yonne et même de Bourgogne.
Accès
-D’Auxerre (89) comptez un peu plus de 20 min pour parcourir moins de 20 km jusqu’à l’abbaye par la N77.
-De Sens (89), environ 55 minutes pour 55 km par la D905 puis également la N77.
Je vais revoir plus en profondeur cet article . Le passage de l'extériorite des bâtiments à leur intériorité est un subtil message que j'y décèle :)
RépondreSupprimerLes cisterciens aiment l'intériorisation.
SupprimerGrandiose, presqu'impressionnante. Cette abbaye qui n'a pas le charme de Fontenay, a toujours été appréciée par de grands noms et, toujours entretenue, elle semble étonnement en bon état. Merci de cette superbe visite.
RépondreSupprimerC'est un lieu qui mériterait d'être mieux connu. Elle est finalement assez peu visitée.
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