L'abbaye de VAUCELLES - Partie 1 sur 3
Escaut cistercien ****
Un peu d’histoire
Bernard de Clairvaux, premier abbé, et une douzaine de compagnons fondent une nouvelle abbaye (la 11e fille de Clairvaux) sur les bords de l’Escaut en 1132 sur des terres données par Hugues d’Oisy : Vaucelles. Son nom provient de sa dénomination latine initiale de Vallis cella (Monastère de la vallée). La première église du site est consacrée en 1149 par l'archevêque de Reims, Samson de Mauvoisin. En 1153 (mort de Bernard) on compte 103 moines et environ 300 frères convers (qui ont pu participer à la construction du site). L’église abbatiale monumentale et deux cloîtres sont bâtis au XIIIe siècle. Une épine de la Couronne du Christ, offerte par Saint Louis, est alors hébergée sur le site. Le nombre de moines réguliers atteint 140. Les terres rattachées à l’abbaye couvrent près de 3 000 hectares. On construisit l’aile des moines qui comprend un immense scriptorium, une salle capitulaire et un grand dortoir de style gothique primitif.
À partir du début de la Guerre de Cent ans (1337), l’abbaye essuie divers pillages et destructions. Louise de Savoie, mère de François Ier, y fait étape à l’été 1529, se rendant à Cambrai afin de signer la « Paix des Dames ». Le 15 février 1556, la « Trêve de Vaucelles » est signée sur les terres de l’abbaye par Henri II de France et Charles Quint. Les délégations d'Henri II de France , de la Reine d'Angleterre (Mary Tudor puis Elisabeth Ière) et de Philippe II d'Espagne se réunissent à Vaucelles en octobre 1558, avant de signer définitivement le traité du Cateau-Cambrésis en janvier 1559. A la Révolution française, l’abbaye devient bien national par suppression des ordres monastiques. En avril 1790, les derniers moines quittent les lieux. L’abbaye est laissée à l’abandon pour devenir carrière de pierre et corps de ferme. Une grande partie des bâtiments est alors détruite, dont l’église abbatiale. Une filature occupe ensuite l’aile des moines.
Les restes du palais abbatial sont, par la suite, cédés à une acheteuse privée. Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1917, Vaucelles se trouve sur la ligne de défense allemande de Hindenburg. Certains bâtiments civils du secteur subissent des dommages. Malgré son classement à l’inventaire des monuments historiques en 1920, l’abbaye est laissée à l’abandon jusqu’en 1971 lorsqu’elle est acquise par la famille Lagoutte. Le département du Nord en fait l’acquisition en 2017, après des décennies de restauration réalisées par les Lagoutte.
Les bâtiments
L’aile des moines, datant du XIIe siècle, représente avec le palais épiscopal, le seul vestige encore debout de l’ancienne abbaye. Après l’accueil (caisse et boutique), on débute la visite par une petite salle du palais dans laquelle on découvre quelques vestiges exposés (sceaux, poteries) et un espace de projection du film documentaire retraçant l’histoire de l’abbaye.
Les salles du bâtiment des moines
D’axe principale Nord-ouest-Sud-est, le bâtiment des moines forme un angle droit avec le palais abbatial. On accède à la magnifique salle commune (salle des moines), située en contrebas et soutenue par deux rangées de cinq colonnes ainsi que dix-huit voûtes à croisées d’ogives. Elle servait, entre autres, de scriptorium pour les moines copistes. L’abbaye possédait une bibliothèque réunissant 40 000 volumes avant la Révolution. Les sobres vitraux de Gérard Lardeur, réalisés entre 1975 et 1989, ornent les fenêtres. Le cellier se trouve sous la salle des moines. On y accède par un passage voûté en ogives.
En bref…
Perle cistercienne du Nord, Vaucelles n'est rouverte à la visite que depuis seulement quelques années. La restauration du palais abbatial n'est pas encore achevée. Elle accueille chaque début mars une exposition d’orchidées. On peut profiter en toutes saisons des bâtiments mais, les jardins ne prennent toutes leurs couleurs qu'à partir du printemps. Les photos de cet article ont été prises en octobre 2021, par temps frais et clair, et juillet 2022 par canicule (même dans le Nord !).
Accès et informations pratiques
Le hameau de Vaucelles se situe sur la commune de Les-Rues-des-Vignes dans le département du Nord (59). De Cambrai comptez 15 minutes de trajet en voiture et une douzaine de km par la D76.
La visite peut être réalisée libre (avec guide de visite papier) ou en groupe et guidée, uniquement les dimanches à 15h30. Pour les familles, il existe une formule comprenant une « besace famille », genre de chasse au trésor pour les enfants.
Tarifs 2023 : plein 6€, réduit 4€. L'abbaye, fermée au cœur de l'hiver est rouverte depuis le 10 février.
Notre photographe nous a déjà un peu familiarisé avec l'abbaye de Vaucelles en publiant dans "Photos en vrac" une sublime photographie de la célèbre salle des Moines que l'on parcourt ici sous différents angles. C'est beau, majestueux et surprenant, une plongée dans le XIIe siècle et l'univers très rigoureux des moines cisterciens.
RépondreSupprimerLa visite de l'abbaye commence par les bâtiments extérieurs qui sont plutôt froids et sans grand attrait (ce n'est que mon modeste avis), qui ont beaucoup souffert et dont il faut saluer la relative récente restauration. Beaux jeux d'ombre et de lumière sur les vieilles pierres blessées, rénovées, sur le parc et les arbres, sur les toitures bien refaites.
Une photographie porte en elle une grande poésie : "Le fronton de la façade nord" du palais épiscopal : le fronton ouvragé, les fenêtres murées, quelques vitres où se reflètent délicatement les arbres du parc, le ciel bleu légèrement nuageux, et ces deux plantes qui ont trouvé leur chemin entre les pierres, éclatante vivacité de la vie végétale.
Ensuite Julien nous montre à quel point il reste peu de vestiges des siècles passés, siècles de violence ou loin de nous avec cette boîte reliquaire en forme de cœur, et fidèle à son intérêt pour les maquettes, celle de l'abbaye de Vaucelles du temps de sa splendeur. Et il nous fait entrer dans la plus grande salle capitulaire d'Europe.
La photographie " La danse des colonnes lorsqu'on se déplace dans la salle" donne le vertige et l'impression que souligne le reportage photographique, une impressionnante forêt de colonnes, des voûtes en ogives, vestiges du premier art gothique, un jeu de lumière accentué par les beauté sobre des vitraux de Gérard Lardeur.
A propos de Gérard Lardeur (1931-2002) on note sa contribution poétique et spirituelle par une création très sobre et abstraite des vitraux. Sur le web son travail à l'abbaye de Vaucelles est résumé ainsi : "Technique employée : verre antique et verre armé sous plomb. Gérard Lardeur a réalisé en 1975 la fenêtre de l’auditorium, en 1976, les 3 baies de la salle capitulaire, et en 1989 les 3 baies de la salle des moines." Julien nous offre l'un de ces vitraux "merveilleux", tellement en harmonie avec la simplicité du lieu.
Une citation : " Sculpteur de la lumière », c’est ainsi que se définissait Gérard Lardeur, tant dans son travail de verrier que dans celui de sculpteur. Fils du maître verrier Raphaël Lardeur, il s’est orienté très tôt vers l’abstraction qui lui permettait d’exprimer la ligne, le volume, la lumière dans une perspective spirituelle où l’homme se place en toute responsabilité au centre de l’univers."
Merci Julien pour cette belle visite à l'abbaye de Saucelles. Merci pour toutes les explications historiques si importantes.
La salle capitulaire arrive dans la deuxième partie. On y verra également les vitraux de Gérard Lardeur !
SupprimerMerci Nadine
La révolution a été dévastatrice ! Heureusement , de ces cendres a pu renaître un très bel ensemble, surtout intérieur, avec une splendide salle des moines . Mais pas un maillon n'a manqué pour donner vie au fil du temps .. et ça continue ! Article très intéressant.
RépondreSupprimerGeneviève
Vraiment dommage pour l'abbatiale mais les salles du bâtiment des moines ont été préservés !
SupprimerElle a beaucoup souffert, cette abbaye ! La maquette fait vraiment rêver, mais pas les bâtiments, vus de l'extérieur. Un chef d'oeuvre massacré, toujours par les mêmes. Reste la magnifique salle des moines, bien prise sus des angles différents.
RépondreSupprimerHeureusement pour les bâtiments des moines. L'abbatiale était l'une des plus belles d'occident...
SupprimerComme il aurait été bien de conserver le site... Le peu qu'il reste montre la dimension monumentale de l'abbaye originale ! Tes photos permettent notamment de contribuer à l'inscrire dans la mémoire collective.
RépondreSupprimerGrosse restauration depuis les 20 dernières années !
SupprimerUne découverte totale car de cette abbaye on en parle très peu...Allez hop! Je partage!
RépondreSupprimerMerci !!!
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