La MONTAÑA COLORADA du parc naturel des Volcans de LANZAROTE
Volcan vermillon ****
Il s’agit ici d'une randonnée en boucle de faible difficulté autour du volcan appelé Montaña Colorada (Montagne Colorée/Rouge). Au long du parcours on découvre l’un des derniers volcans formés au cours de l’éruption de Timanfaya de Lanzarote (1730-1736). Le cratère (non visible depuis la balade) est ici unique et de dimension assez restreinte.
En parcourant le chemin bordé de pierres volcaniques, on aperçoit les différents volcans voisins de la Montaña Colorada. La densité de cratères est ici importante. La caldera du Volcan del Cuervo se situe de l’autre côté de la route LZ-56. Il s’agit du premier volcan formé lors de l’éruption de Timanfaya (1er septembre 1730). Son éruption fut l’une des plus spectaculaires de toute l’histoire des Canaries. Il s’agit, là aussi, d’une structure à un seul cratère. Il contenait un immense lac de lave dont le niveau varia en fonction de la quantité de matériaux émis au cours de ses éruptions. Une brèche survenue dans l’un de ses flancs libéra brutalement une quantité phénoménale de lave qui se déversa sur la plaine entrainant des quantités de blocs de pierre issues de la rupture du cône.
La Montaña Negra (Montagne Noire) se trouve environ 1 km au sud de la Colorada. Il s’agit d’un volcan ancien recouvert d’une couche de lapilli (« petites pierres » en italien/latin), un type de fragment de lave éjecté lors des éruptions. Les fragments sont compris entre 2 et quelques dizaines de millimètres. Les petites ravines situées sur ses flancs ont été comblées par ces matériaux sombres. Les habitants ont ainsi renommé le volcan en fonction de son nouvel aspect. La couche de scories et de cendres dans le secteur a permis l’enrichissement des sols et la création de vignobles grâce à des techniques viticoles locales particulières.
Les pyroclastes sont des matériaux volcaniques projetés dans les airs par les éruptions explosives dont les plus abondants sont les lapilli (2 à 64 mm de diamètre). Ils s’accumulent autour du cratère formant les structures plus ou moins régulières des cônes volcaniques. Souvent chauds au moment de leur chute, ils peuvent s’agréger avec le flot de lave encore en fusion et contribuer à la formation de pentes abruptes du cône. L’utilisation de pyroclastes dans le système d'agriculture traditionnel est une pratique largement répandue à Lanzarote. Les pierres poreuses (Rofe) retiennent l’eau formant un genre de réservoir pour les plantes, protégées par les murets de pierre en arcs de cercle. Elles permettent certains types d’agriculture en zone semi-aride.
Le retour de la vie après les éruptions du XVIIIe siècle fut difficile. L’absence de sol terreux au-dessus du manteau de pierres volcaniques conjuguée à la faiblesse de la pluviométrie a contribué à ralentir la recolonisation par la végétation. Les lichens, acclimatés aux milieux difficiles, ont débuté le processus de recolonisation. Modifiant lentement les sols, ils permettent l’implantation ultérieure de végétaux plus complexes et fragiles. Les lichens s'installent le long de couloirs de vents humides provenant de l’océan. Ils recouvrent, à certains endroits, complétement la roche sous-jacente.
La majorité des volcans de Lanzarote est de type strombolien : ils produisent des éruptions intermittentes de matériel volcanique en déversant des flots de lave et produisent des explosions fréquentes. Des pierres sont émisses individuellement de façon radiaire depuis le cratère. Parmi elles on trouve : les lapilli (nommées localement "rofes"), petits fragments poreux de lave ; les scories, fragments très poreux de plus de 64 mm et plus ou moins agglutinés ; les bombes volcaniques, fragments qui se refroidissent au cours de leur parcours aérien avant d’atteindre le sol, leur taille varie de quelques millimètres à deux mètres. Ici, nous découvrons une bombe de dimension hors norme qui marque par sa forme le paysage.
Une vue panoramique de la zone centrale de l’île (Temisa, Mozaga et Teguise) peut s’admirer à l'Est, depuis le pied de la Montaña Colorada. On y distingue la Montaña Tamia, la ville de Teguise, le volcan Guanapay.
Parmi les facteurs qui influencent la forme des cônes volcaniques, on compte le vent. L’accumulation de lapilli est favorisée dans la direction opposée à la direction principale des vents présents pendant l’éruption. Il en résulte une asymétrie du cône allant parfois jusqu’à la création de structure en fer-à-cheval s’ouvrant sur le côté d’attaque du vent (souvent Est-Nord-Est sur l’île).
Le secteur de la Montaña Colorada a également été une zone d’extraction de pierre. Les campagnes de préservation du patrimoine géologique tentent d’intégrer au mieux les activités humaines dans une logique d’exploitation durable.
Comme évoqué plus haut, l’utilisation des pyroclastes par les habitants dans la gestion de l’arrosage agricole modifie le paysage. Les pierres sont parfois présentes sur le sol cultivé, parfois apportées d’une autre zone. Le secteur, désormais protégé, a vocation à retrouver autant que possible son aspect après les éruptions de la période Timanfaya.
Les volcans de la période Timanfaya s’alignent grossièrement le long d’un axe Est-Nord-Est/Sud-Sud-Ouest d’environ 14 km de long, dont la Montaña Colorada forme le point extrême oriental. Le pic d’activité éruptive s’est déroulé dans la zone médiane de cet axe (Montañas del Fuego). Une activité géothermique s’y manifeste encore de nos jours avec des températures qui peuvent atteindre près de 250°C près de la surface dans certains secteurs (et 600°C en profondeur).
En bref…
Il s’agit d’une randonnée facile d’environ 1 heure qui permet d’allier tour d’horizon visuel du Parc des Volcans et acquisition d'informations didactiques sur des panneaux en espagnol, anglais et allemand. L'accès à la randonnée du Volcan El Cuervo se trouve à quelques centaines de mètres en face. Il est tout à fait possible d'enchaîner les deux balades et de profiter un maximum de la liberté que procurent ces parcours. La frequentation touristique y est souvent étonnamment faible... Les photos de cet article ont été prise en janvier 2019 et juin 2022.
Accès
La Montaña Colorada se trouve dans le parc des Volcans de Lanzarote (commune de Tinajo) mais hors de la zone du Parc national de Timanfaya. Son accès est donc libre et gratuit. On y accède par la route LZ-56, une zone de stationnement en terre battue y est aménagée, proche du départ du chemin de randonnée. Il faut compter environ 20 minutes de route et environ 20 km depuis Arrecife, la capitale de l’île. La randonnée, à faible dénivelé, se boucle en moyenne en une heure.
La première partie du reportage est un dialogue entre la Terre et l'Océan, les rivages, les plages, les habitations désertées en hiver, et l'eau, les vagues, la surface océanique, bien sûr la terre volcanique et les volcans sont tout près. Cette deuxième partie est essentiellement consacrée aux volcans nombreux, reconnus et cités par notre photographe dont on admire les légendes précises et les détails, alors que pour nous, étrangers à ce paysage bien qu'un peu familiarisés par les tableaux précédents et certaines scènes tournées par Almodovar, tous les volcans de Lanzarote se ressemblent un peu et le paysage désertique, les champs de lave, les rares végétations, les lichens entrevus évoquent âpreté et sécheresse...
RépondreSupprimer"Contraste de couleurs et de nuances" est une photographie somptueuse, mais elles le sont toutes, et l'on comprend le rôle du vent dans la formation des cônes volcaniques, le rôle de l'homme dans les extractions antérieures, le sien aussi dans la volonté de préserver l'environnement sans oublier le tourisme...
Paysage lunaire, ici pas de présence humaine, c'est un hommage aux volcans, aux innombrables petites pierres de lave, à la tendresse des quelques bouquets végétaux qui trouvent leur place dans ce sol si sec, à la surprise que crée "la bombe volcanique", comme surgie d'un récit de science-fiction, et toujours cet horizon bordé de courbes douces, surplombé d'un ciel opalescent.
Merci Julien pour ce travail de photographe toujours sensible aux différents aspects du paysage et pour toutes les explications qui l'accompagne.
Le paysage se déroule et offre, de lui-même, ses variations de luminosité, il suffit d'être là pour capter l'instant le plus fidèlement possible.
SupprimerLe texte demande plus de bachotage...
t'as pas des articles avec de l'eau et du vert???? fait trop chaud pour les volcans!
RépondreSupprimerC'est la canicule chez nous la semaine prochaine, je vais chercher de l'eau et du vert ;)
SupprimerC'est quand même saisissant ce paysage lunaire ! Je m'aperçois que Nadine Nadine l'utilise .... et que dire de mieux que son , toujours poétique , commentaire !
RépondreSupprimerBravo pour ce beau reportage Julien ! Geneviève
Oui, une ambiance extraterrestre !
SupprimerDe beaux paysages arides et désolés qui donnent des sensations fortes quand on s'y confronte physiquement !
RépondreSupprimerLe dernier commentaire est de beebop
RépondreSupprimerJe viens de comprendre la portée du mot "minéral". Tant d'aridité, c'est spectaculaire, rare et mérite le détour. Et ça donne soif, non ?
RépondreSupprimerLa Bonnette a de la concurrence en terme de minéralité !
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