CHAMPS-sur-MARNE, le château et ses intérieurs
Villégiature de la Pompadour****
L’arrestation du financier Paul Poisson de Bourvallais, à l’origine du projet de maison de plaisance à Champs, conduit à la vente (1718) du domaine érigé entre 1703 et 1707 par l’architecte Jean-Baptiste Bullet de Chamblain. La princesse de Conti, qui en fait l’acquisition, l’offre au duc de la Vallière, son cousin. Louis César, son fils, entreprend de gros travaux de décoration (chinoiseries de Christophe Huet en particulier). La marquise de Pompadour séjourne au domaine entre 1757 et 1759. A la Révolution, le domaine devient bien national. Il passe aux mains de Louis Cahen d’Anvers, banquier de son état, en 1895. Walter André Destailleur devient alors le maître-d'œuvre des restaurations. Henri Duchêne se voit attribuer la charge de réhabilitation des jardins. Le château de Champs fait l’objet d’une donation à l’État en 1935 par Charles, fils de Louis. Il accueille de nombreuses réceptions de chefs d’états étrangers jusqu’en 1974 avant d’être ouvert au public.
Extérieurs
La façade Sud du château, de style harmonieux du XVIIIe siècle sur deux niveaux, donne sur une cour d’honneur. Deux avant-corps latéraux saillants et un central, assez en retrait et à colonnes doriques, donnent du relief à l’ensemble. La façade Nord s'ouvre sur le jardin à la française du parc. Des trois avant-corps, celui du centre, orné de lignes de refends, s’avance en demi-lune abritant les salons ovales.
Intérieurs
Le rez-de-chaussée (d’après document de visite)
Le vestibule sobre et monumental est carrelé comme tout espace de passage. Il donne accès aux pièces de services et escaliers. L’axe du bâtiment dicte l’organisation du bâtiment.
La bibliothèque-billard prolonge la décoration du fumoir. Le billard français de 1906 en chêne est présenté avec ses accessoires.
Le salon rouge, a été transformé vers 1928 par Charles Cahen d’Anvers en bureau. La soierie rouge, a été restaurée à l’identique de celle qui décorait cette ancienne chambre de Louise Cahen d’Anvers.
Le cabinet en camaïeu était à l’origine un cabinet de toilette. Les boiseries de 1707 sont peintes vers 1748 d’un décor de chinoiseries par Huet, dans des tons bleus.
Le salon chinois est un espace de réception majeur. Les boiseries sont peintes d’un décor de chinoiseries réalisé par Huet vers 1748, représentant un Extrême Orient imaginaire. Soucieux de coordonner le mobilier à ce décor, les Cahen d’Anvers installent un ensemble de sièges Louis XV recouverts de tapisseries illustrant des fables de La Fontaine.
Le fumoir est un espace masculin qui communique avec la salle de billard. La tapisserie tissée à Beauvais au XVIIIe siècle, représente l’empereur chinois Kangxi (1662-1722) en voyage ; les dessus-de-porte sculptés de la même époque ont été installés par Destailleur.
Le grand salon ouvre sur le jardin par trois grandes baies cintrées. Au milieu de la pièce est installée une vasque en marbre du XVIIIe siècle en provenance d’Italie.
La salle à manger est un exemple précoce d’espace consacré à ce seul usage. Les consoles et vasques sont en marbre du Minervois. Les dessus de porte sont de Oudry et Desportes, peintres animaliers du XVIIIe siècle.
La chambre de Gilbert Cahen d’Anvers, petit-fils de Louis, a été initialement décorée vers 1898 par Destailleur pour servir de chambre d’amis.
Le couloir des offices est réservé à la circulation des domestiques. Le tableau d’appel indiquait au personnel quel occupant du château le demandait.
La salle à manger des enfants rappelle le mode de vie de la grande bourgeoisie, où les enfants étaient élevés séparément de leurs parents. Ancienne salle de bain, le décor en stuc imitant le marbre a été commandé par la Pompadour à Gabriel et Louis Mansiaux.
Le premier étage
L’escalier d’honneur est un espace d’apparat. La rampe est ornée du chiffre « LC » de Louis Cahen. Le portrait de son fils Charles, donateur du domaine, est présenté sur le palier qui mène aux appartements.
Le salon de musique offre une vue exceptionnelle sur le dessin des jardins. Vingt pilastres s’intercalent entre fenêtres, portes et miroirs. La vocation musicale de cet espace date du XIXe siècle comme l’indique le décor de la frise. Les portraits de Louis et de son épouse symbolisent l’importance de leur statut social et sont aujourd’hui présentés sur chevalet.
La chambre bleue et les deux autres pièces qui lui succèdent, forment un appartement pour un couple. Sa dénomination provient de la couleur des boiseries du XVIIIe siècle.
La chambre d’honneur est réservée aux hôtes de marque. Aménagée au XIXe siècle comme une chambre d’apparat du XVIIIe siècle, la pièce est dotée d’une balustrade délimitant l’espace réservé à l’alcôve. Le mur est tendu d’une soierie jaune et un lit à la duchesse a été reconstitué. Les boiseries sculptées sont du XVIIIe siècle.
Le salon d’angle était une chambre à coucher au XVIIIe siècle. Louis Cahen en fait son bureau de travail.
La chambre de Monsieur et de Madame est celle de Charles Cahen d’Anvers et de son épouse, qui rompent ainsi avec l’usage aristocratique de faire chambre à part. Le décor de la corniche représente des couples mythologiques. C’est là que le Général de Gaulle et sa femme passent une nuit en 1962.
Le boudoir de Madame conserve devant la fenêtre une grande console qui faisait office de table de toilette.
La salle de bain de la chambre de Madame bénéficie du confort moderne de la fin du XIXe siècle. Cette ancienne garde-robe a reçu un décor floral dans le goût du XVIIIe siècle. Le couloir illustre le choix des Cahen d’Anvers de recouvrir la totalité des murs avec des fragments de tapisseries d’Aubusson. Ces verdures du XVIIe siècle représentent des paysages. La salle de bain de la chambre d’honneur est accessible depuis la chambre par une porte cachée derrière la tenture et un petit couloir.
La chambre grise conserve ses boiseries du XVIIIe siècle et communique avec une salle de bain.
En bref…
Un château proche de Paris (en Seine-et-Marne) qui contient son lot d’Histoire et de décors d’époque. Son style rappelle celui de l’Elysée pour son architecture extérieure et celui des hôtels particuliers parisiens des XVIIIe et XIXe siècles pour sa décoration intérieure. Le parc fera l'objet d'un autre article. Les photos de cet article ont été prises en mars 2015.
Accès
-En voiture, comptez environ 30 minutes (en heures creuses…) et 20 km de route depuis les portes de Paris (Bercy) par l’A4.
-En RER, descendre à la station Noisiel le Luzard sur la ligne A et marchez une bonne vingtaine de minutes (1,8 km).
Tarifs 2021 : 8€ adultes en visite libre, gratuit pour les moins de 18 ans (et journées du Patrimoine).
De juin à fin septembre :
10h - 12h15 /13h30 - 18h Fermé le mardi
D'octobre à mai :
10h - 12h15 / 13h30 - 17h Fermé le mardi
Le château de Champs-sur-Marne est prisé des amoureux du patrimoine et des beaux-arts. Notre photographe nous guide pour une visite passionnante et surprenante, il nous mène à l'intérieur du château que Louis et Louise Cahen d'Anvers ont racheté en 1895 et qu'ils sont magnifiquement restauré et remeublé, très connaisseurs du XVIIIe siècle.
RépondreSupprimerIls ont respecté l'histoire du château commencée en 1703 et les locataires prestigieux dont Madame de Pompadour qui y vivra deux ans. Les Encyclopédistes et les philosophes des lumières, entre autres Voltaire, vont s'y rassembler, y être reçus...Après la Révolution française le domaine sera délaissé pendant un siècle, d'où le rôle si important de la famille d'Anvers dans la restauration du château où ils ont vécu.
Pour nous, visiteurs virtuels, c'est un enchantement, une surprise : la somptuosité des tissus, des tapisseries, la beauté du mobilier rénové, cette première vue du salon chinois subtilement photographié avec son jeu de miroirs, les pourpres, les violets du "Salon rouge", le raffinement extrême des objets, tout est étonnant.
Au premier étage, c'est la vie quotidienne d'un couple très riche au XIXe siècle, "la salle à manger des enfants" austère avec ses chaises à haut dossier qui les obligeaient à se tenir droit, "Le salon de musique", les moulures céladon, les lustres à pampilles, la préciosité des objets de décoration, angelots, horloge, vitrine remplie de curiosités, sans oublier les salles de bain.
Beaucoup de cinéastes ont choisi ce château comme lieu de tournage, Stephen Frears en 1988 pour "Les Liaisons dangereuses", Nina Companeez en 1996 pour "L'Allée du roi", Josée Dayan à plusieurs reprises pour "Le Comte de Monte Cristo" en 1998 et "Les Misérables" en 2000, et aussi Patrice Leconte pour son prestigieux "Ridicule" en 1995...Sofia Coppola a aussi tourné son "Marie-Antoinette" en 2006...Aujourd'hui le château est interdit aux tournages pour sa préservation, mais tant de beaux films nous rappellent les personnages réels ou de fiction qui ont pu souffrir, aimer, créer dans ces pièces que Julien a amoureusement photographiées.
Merci Julien pour ce travail de précision érudite et la qualité des photographies qui nous invitent à observer et à rêver.
Il faut que je revois "Ridicule" !
SupprimerMerci Nadine
Visite complète...pas besoin d'y aller!Julien est là
RépondreSupprimerRetour dans le 77 pour toi ;)
SupprimerJ'ai adoré cet article aux somptueuses photos , et ttes bonnes explications pour ce château... tout près !
RépondreSupprimerTous les châteaux ne sont pas en Val de Loire ;)
SupprimerUne visite somptueuse, on découvre ou on redécouvre ces pièces avec beaucoup de plaisir !
RépondreSupprimerLe parc vaut également la balade !
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