dimanche 12 septembre 2021

GRÈCE - Athènes - Le cimetière du Céramique et son musée

Le cimetière du Céramique (Κεραμεικός - Kerameikos) et son musée

Tombes et potiers***


Quartier de l’Athènes antique, il doit son nom à la présence d’artisans potiers céramistes. Il existait deux quartiers, en fait situés dans la localité de Keramea : l’un interne et l’autre externe (Exokerameikos). Le premier cimetière publique d’Athènes prend progressivement place dans ce quartier extérieur. Le mur de Thémistocle (479-478 avant J.-C.) séparait alors les deux quartiers. La porte Dipylon les faisait communiquer. Trois axes routiers convergeaient vers le quartier Exokeramikos, dont la Voie Sacrée venant d’Eleusis (Ἐλευσίς). Des tombes bordaient ces voies, donnant l’impression d’un vaste quartier-cimetière.

Les fouilles archéologiques ont débuté progressivement à partir des années 1861-1863 (Société archéologique hellénique, puis Institut archéologique allemand d'Athènes). L’église Agia Triada (Sainte-Trinité) domine l’actuel site connu comme lieu de sépulture depuis l’âge du bronze. C’est au Sud de cette dernière qu’on trouve les tombes les mieux conservées. Bon nombre d’entre elles étaient incluses dans des tumuli signalés par des épitaphes.


Vue générale du site

L'église Agia Triada

Autre vue du site, avec le mur de Thémistocle



Passage couvert du Dipylon

Restes du Pompéion

Restes de fondations


Le Dipylon, formé d’une porte extérieure et d’une intérieure reliées par un couloir de plus de 47 mètres de long, se situe à environ 150 mètres au Sud-est de l’église. Il constituait la porte principale permettant l’entrée dans l’Athènes antique. Sa mise à jour remonte au début des années 1870Le Céramique intérieur s’étendait à l’Est de la porte intérieure du Dipylon et du mur de Thémistocle. Il était traversé par la voie panathénaïque le reliant à l’ancienne Agora. La distinction entre ces deux entités semble parfois floue dans les textes antiques. Il s’agissait probablement d’une sorte de continuum.


À l'époque classique, un important édifice public, le Pompéion, se dressait à l'intérieur des murs dans la zone située entre les deux portes. Il assurait une fonction clé dans la procession en l'honneur d'Athéna pendant le festival panathénaïque. Il se composait d'une grande cour entourée de colonnes et de salles de banquet, où la noblesse d'Athènes consommait la viande sacrificielle. Selon des sources grecques anciennes, une hécatombe (un sacrifice de 100 vaches) était réalisée à l’occasion des fêtes et les participants en recevaient ensuite la viande sacrificielle. Les archéologues ont trouvé des tas d'ossements devant le mur de la ville. Le Pompéion et de nombreux autres bâtiments à proximité de la porte sacrée ont été rasés par l'armée en maraude du dictateur romain Sylla, lors de son pillage d'Athènes en 86 av. J.-C. un épisode que Plutarque a décrit comme un bain de sang. Au IIe siècle après J.-C., un entrepôt fut construit sur le site du Pompéion, mais il fut détruit lors de l'invasion des Hérules en 267 après J.-C. Une nouvelle porte du festival a été construite à l'Est avec trois entrées menant à la ville. Elle a été à son tour détruite lors des raids des envahisseurs Avars et Slaves à la fin du VIe siècle. Le Kerameikos est, par la suite, tombé progressivement dans l'oubli.


L'église et les ruines

Restes de colonnes du Pompéion

Murs et fondations

L'Acropole visible au loin

Eléments funéraires

Tombe avec stèle

Tombe avec la copie du Taureau visible au musée

La végétation, oliviers en particulier, occupe une partie de l'espace


Le site archéologique

Il couvre une surface totale de 40 hectares. Une partie importante des remblais a été excavée permettant de visiter le site au même niveau qu'à l'époque de l’Athènes classique. Les plus gros travaux d’excavation ont eu lieu au cours de la construction de la station de métro éponyme Kerameikos. Les tombes sont, pour la plupart, datées d’une période comprise entre 430 et 426 avant J.-C. Des épidémies de peste ou de typhoïde, faisant des milliers de victimes, sont connues par les textes au cours de cette période. Des zones, en particulier situées sous l’Athènes contemporaine, restent encore à découvrir. Les pierres tombales situées en extérieur sont des copies des pièces originales de celles exposées dans le musée adjacent.


Espace d'exposition extérieure devant le musée présentant des urnes funéraires

Eléments funéraires à l'extérieur du musée (stèles, lécythes)


Musée archéologique

Situé à l’extrémité Sud-ouest du site sur une petite colline, il date de 1937. Il est agrandi ultérieurement afin d’accueillir davantage de pièces de collection. Il s’organise autour d’une petite cour garnie d’oliviers et fermée par 4 salles d’expositions. Des monuments funéraires sont visibles dans la cour située à l’avant du musée. Le premier hall présente des monuments funéraires et des épitaphes archaïques et classiques. L’atrium héberge le célèbre « Taureau enragé », monument épitaphe de Dionysios de Kolytos. La deuxième salle expose des poteries et des offrandes funéraires préhistoriques. La troisième, des vases des périodes protogéométrique et géométrique (-900 à -700). La quatrième salle montre des représentations classiques de la vie quotidienne et de la mythologie.


Stèle funéraire sculptée

Stèle funéraire de Dexileos, fils de Lysanias de Thoriko

Lion qui gardait autrefois une tombe

Sphinge gardienne

Kouros

Le Taureau enragé de Dionysos de Kollitos

Stèle funéraire

Chevaux archaïques

Poteries funéraires


Poteries (2 clichés ci-dessus) dont lécythes à figures noires et fond blanc


En bref...

Complémentaire de la visite de l'ancienne Agora, le cimetière du Céramique et son musée donnent à voir des pièces uniques et différentes de ce que l'on peut découvrir dans les autres sites antiques de la ville. Les photos de cet article ont été prises en avril 2014.


Situation du Céramique (source Google)


Vue aérienne du site (source Google)


Accès

Il s’effectue par la station Thēseio sur la ligne 1 du métro ou la station Kerameikos sur la ligne 3Il est également facile de rejoindre le site à pied, en quelques minutes, depuis l’ancienne Agora.

Le tarif d’entrée (2021) du site seul est à 2€ (1€ réduit), il existe des billets groupés pour l’ensemble des sites antiques à 12€.


Couronne funéraire de lauriers d'or et une bague


6 commentaires:

  1. On comprend la fièvre des archéologues, la passion des historiens, l'enthousiasme des hellénistes, et toute l'attention apportée par notre photographe à ce lieu étonnant, le cimetière du Céramique qui doit son nom au terme grec "kéramos" qui signifie "argile", celle utilisée par les potiers pour fabriquer des vases et des objets qui accompagnaient les défunts.

    Ce n'est pas la première fois qu'il nous prend par la main pour visiter Athènes, mais ce cimetière nous saisit par tout ce qu'il y a derrière la photographie : une foule d'artisans céramistes potiers, tous les sublimes vases et objets retrouvés, les lécythes déposés dans les tombes, découverts à partir de la moitié du XIXe siècle...

    En arrière-plan l'élégante petite église de Agia Triada avec son dôme de briques, son écrin de végétation méditerranéenne, ses cyprès, ou l'Acropole au loin en sentinelle sur son plateau, sa dentelle de temples...Notre guide nous montre les vestiges, les pierres rongées par l'érosion, les restes des fondations et les coquelicots rouge écarlate près des sépultures. Quelques photographies puissantes d'évocation : "Restes de colonnes du Pompéion" ou encore cette "Tombe avec stèle" et encore les gouttes de sang des pavots, les reflets argentés des oliviers.

    On s'approche du musée et des arbres au tronc tortueux se mêlent aux urnes funéraires cylindriques, alliance du végétal et du minéral. A l'intérieur, de superbes stèles funéraires sculptées, bouleversantes de vie, témoignages du talent de ces potiers au service de la mémoire, souvenir d'un jeune homme, Dexileos, en pleine action sur son cheval, mort au combat à vingt ans... Des statues de marbre, un lion sympathique, une sphinge gardienne sereine, et les magnifiques vases, poteries et lécythes, témoignent du génie pictural de la Grèce antique...

    Notre photographe partage son éblouissement et termine le reportage par la présentation d'un délicat travail d'orfèvrerie, une "Couronne funéraire de lauriers d'or et une bague".

    Merci Julien de nous emmener en Grèce, pays pour lequel nous avons tremblé durant tout ce mois d'août 2021, les incendies menaçant Athènes et détruisant cette précieuse végétation qui apparaît ici dans sa splendeur fragile, dans le cimetière du Céramique.

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    1. Le Céramique, un peu à l'écart des circuits touristiques est un peu boudé des touristes. On n'en profite d'autant plus, il garde aussi sa vocation initiale de repos éternel !

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  2. Ton article est riche sur la forme comme sur le fond. Un petit cours d'archéologie pour les nuls (enfin pas si nuls !). J'avoue que ma préférence va aux statues de la seconde partie de ton article. Même si ces paysages de pierre ont aussi quelque chose de très mystérieux et envoutant...

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    1. Les pièces précieuses et impressionnantes sont abritées au musée.

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  3. tu mérites amplement la couronne en or

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