mardi 11 mai 2021

PHOTOs en vrac - Trône naïf

 


Trône dans la cour noire de la maison Picassiette, Chartres, Eure-et-Loir (28)



6 commentaires:

  1. On adore ces créateurs naïfs et inspirés dont l'imaginaire s'est complètement focalisé sur une œuvre extrêmement personnelle, des architectes sans formation, des poètes : Le Facteur Cheval a créé son Palais Idéal à Hauterives à partir des premières cartes postales qu'il distribuait comme facteur et l'idée d'un palais lui est venue en ramassant une pierre...Cinquante ans plus tard un modeste cantonnier et balayeur, Raymond Isidore, va être envahi d'une idée de la même ampleur en ramassant un morceau de faïence.

    Raymond Isidore achète un terrain en 1929 et construit sa maison en famille. C'est en 1938 qu'il commence à décorer les pièces, les murs, les sols, les plafonds avec des morceaux de verre, de faïence, de la mosaïque. Voilà ce qu'il dit :

    "J'ai d'abord construit ma maison pour nous abriter. La maison achevée, je me promenais dans les champs quand je vis par hasard, des petits bouts de verre, débris de porcelaine, vaisselle cassée. Je les ramassais sans intention précise, pour leurs couleurs et leur scintillement. J'ai trié le bon, jeté le mauvais. Je les ai amoncelés dans un coin de mon jardin. Alors l'idée me vint d'en faire une mosaïque, pour décorer ma maison. Au début je n'envisageais qu'une décoration partielle, se limitant aux murs."

    Il va ensuite passer à l'extérieur et consacrera tout son temps à la réalisation extraordinaire de cette maison née de son amour pour la céramique, le verre, la mosaïque, et de ses rêves. Les morceaux récoltés sont coulés dans le ciment. Le rapprochement entre les deux créateurs se fait naturellement par le résultat de chacun et une existence entière consacrée à un projet visionnaire, certes obsessionnel mais terriblement touchant, et un mysticisme commun, une foi qui ne vacille pas. Tous les deux ont fait visiter leur œuvre de leur vivant, le Palais Idéal et la maison Picassiette.
    Raymond Isidore trouvait ses éléments de décoration partout, y compris dans les décharges publiques où il piquait des morceaux d'assiettes, d'où son surnom de Pique-assiette, devenu Picassiette, sans doute un clin d’œil à Picasso...

    Il y a un an environ notre photographe nous a montré le Palais Idéal, et aujourd'hui nous avons un aperçu très révélateur des mosaïques en extérieur de la maison et du jardin. Je me souviens avoir vu dans un documentaire une machine à coudre parée de bris de céramique, ici on admire au premier plan la fantaisie de l'escalier aux fleurs de faïence, le fauteuil et le trône, des détails insolites, et à gauche un passage sombre ornée d'une jolie fresque animalière. Les fleurs et les cactées trouvent leur place dans leurs pots décorés. Tout cela évoque une fantaisie illimitée qui redonne vie à des éclats de verre et de céramique jetés, recyclés dans une décoration que ne limite que l'espace.

    Il y a de la folie dans cette réalisation, et on n'est guère étonnés d'apprendre que l'artiste fut pris de démence à la fin de sa vie. On voit aussi l'influence chrétienne dans ce coin de jardin avec la réalisation d'une flèche de cathédrale (Chartres?).

    Merci Julien pour cette découverte merveilleuse. On voyage à l'intérieur d'une passion pour la mosaïque.

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    1. Je suis allé deux fois chez Isidore mais seulement une fois chez Cheval. Au cours de cette deuxième visite per-pandémique, les photos étaient autorisées. Ce qui n'était pas le cas auparavant... Effectivement, Isidore a fait de multiples clins-œil à l'art sacré local (Chartres en particulier) !

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  2. Dommage que Picassiette n'ait jamais rencontré le facteur Cheval ! Ils se seraient entendus à merveille !

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  3. Oui , c'est de la folie douce qui fait sourire ... avec un brin d'admiration pour cette créativité, peut être un peu mystique ...

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