Le baptistère Saint-Jean de POITIERS
Vestige mérovingien ***
Il s'agit d'un baptistère mérovingien situé dans la ville de Poitiers dans la Vienne (86). Sa période de construction s’étend de 630 à 700 pour l’essentiel. A l'époque, le baptistère est annexé à la cathédrale, siège de l’évêque. Le baptême se pratiquant chez les adultes par immersion, il nécessite une cuve d’assez grand volume. Au Ve siècle on remplace une structure plus ancienne, occupant une maison privée, par une autre rectangulaire probablement proche de l’abside d’une église ou d’une cathédrale primitive. Le plan définitif est adopté au VIe siècle avant que la structure ne soit modifiée à la fin du VIIe siècle. La structure en élévation date de cette période. Un projet de nouvelle cathédrale voit le jour après l’incendie de 1018. Le baptistère, ayant perdu sa fonction de font baptismal compte-tenu des évolutions des pratiques religieuses, devient ensuite église Saint-Jean-Baptiste. On modifie la salle d’entrée pour en créer une nouvelle en appentis avec un plan à pans coupés ornée, en extérieur, par une frise à modillons sculptés. Des peintures murales viennent parachever le tout au XIe siècle. Le baptistère échappe à la démolition en 1791 puis en 1834. En 1836 il est confié par l’état à une société de préservation et inscrit 4 ans plus tard à l’inventaire des monuments historiques. De nos jours, la Société des Antiquaires de l’Ouest en gère la sauvegarde. Le bâtiment et son environnement ont fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles dès la fin du XIXe siècle.
Extérieur
Une marqueterie de calcaire, des petits tympans, des arases de brique, des corniches, et des marguerites de terre cuite ornent les deux pignons latéraux de l'édifice. L'entrée se trouve du côté occidental.
Intérieur
Des colonnes en marbre des Pyrénées portent 18 chapiteaux corinthiens, probablement fruits de récupération de bâtiments antiques. Sur les parties plus élevées, des colonnettes et douze chapiteaux de calcaire semblent avoir été façonnés pour le baptistère. Une piscine octogonale, surmontée d’un dais de colonne (ciborium), servait de bassin baptismal. Le Christ en gloire, entouré de deux anges, surplombe l’abside et représente l’Ascension. Les apôtres, au-dessous, sont portés par des nuées. Encore au-dessous, le cavalier Constantin est encore identifiable à droite de l’abside. Saint Maurice harnaché de son armure, des paons et des dragons sont visibles sur les côtés. Des frises décoratives rehaussent l’ensemble. Au-dessus de l’abside des médaillons carrés s’ornent d’animaux. Des fresques du XIIIe siècle illustrant des scènes de la vie de Saint Jean-Baptiste se découvrent dans l’abside et à sa droite.
Un musée lapidaire mérovingien occupe une partie des salles depuis sa création par Camille de la Croix en 1885. Des sarcophages mérovingiens, étrangers au baptistère mais contemporains de sa construction et provenant d’Antigny et de la région, reprennent le design simple local : Une bande longitudinale à trois traverses sur le trapèze du couvercle. Des rosaces, étoiles, entrelacs, des motifs symboliques en rehaussent parfois la décoration. On découvre aussi des sarcophages pour enfants ou encore un sarcophage double conçu pour accueillir un couple. Des moulages de plâtres d’éléments décoratifs et un autel en marbre blanc y sont également visibles.
En bref…
Probablement l’un des plus beaux baptistères mérovingiens de France. Il n’a pas encore livré tous ses secrets, malgré les apports majeurs des dernières campagnes archéologiques. Les monuments bien conservés de cette époque restent rares en France. Sa visite représente un complément intéressant à celle de la cathédrale située à quelques minutes de marche. Les photos de cet article ont été prises en mai 2018.
Accès
-Le baptistère se trouve à l'angle de la rue Jean Jaurès et de la rue Saint-Simplicien à Poitiers, à moins de 100 mètres de la cathédrale Saint-Pierre.
Les lignes de bus Vitalis 12 & 15 desservent le baptistère.
Tarif d’entrée (2021) : 3 € (adultes), 1€ (enfants de 7 à 16 ans)
Quel superbe reportage consacré à ce baptistère Saint-Jean qui se trouve à Poitiers! Quel beau travail d'informations religieuses, historiques, architecturales! Le lexique est lui aussi précis et poétique si bien que l'on garde en soi la beauté des mots (absidiole comme une fleur, arase comme une pierre...) et celle des fresques, certaines bien conservées et d'autres altérées mais tout autant magiques...Les couleurs pastel, la délicatesse des dessins, ce Christ en gloire, Saint-Marc et son lion ailé, Saint-Luc et son taureau ailé, toute cette iconographie chrétienne s'impose doucement comme une grande bande dessinée, et les restes des fresques ont aussi leur charme de rêves évanouis dont quelques bribes demeurent...
RépondreSupprimerM'ont également frappée les paons symboles de résurrection et de renouveau et ce sarcophage à deux places qui fait mentir la chanson de Dalida "Pour ne pas vivre seul"...
Bien sûr, les photographies sont parfaitement prises, et c'est un art que de savoir photographier un tel lieu et de suggérer cette forme d'emprise que procure la vue de ces œuvres.
J'aime aussi le mot "absidiole". Les fresques, un peu maladroites dans leur exécution, impressionnent par leur âge. La part inconnue de l'histoire de l'édifice et le côté incomplet des vestiges ajoutent au mystère. Effectivement, les conditions de prise de vue à la volée avec une faible luminosité, et l'absence d'objectif très grand angle à ce moment-là n'ont pas facilité le recueil des images...
SupprimerExcellent reportage qui nous ramène à des époques très anciennes !
RépondreSupprimerL'époque mérovingienne a laissé assez peu de vestiges en France !
SupprimerFallait-il savoir nager pour etre baptisé?
RépondreSupprimerMerveilleux témoignage que tu nous fais découvrir!
Je partage!
Quasiment. Merci Jacqueline !!
SupprimerLes fresques aussi anciennes ont toujours quelque chose d'émouvant
RépondreSupprimerIci, elles sont effectivement très anciennes.
SupprimerSomptueux ! On se prend à rêver de l'histoire de France en pénétrant dans ce monument ! Ton article le fait vivre.
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